Le passage de l’accordeur peut être l’occasion de demander un avis technique sur l’état de la mécanique de votre piano. Le contrôle et l’entretien de ses différents éléments vous permettront à la fois de résoudre d’éventuels dysfonctionnements, bruits parasites ou inconforts de jeu et de prémunir votre instrument d’une usure excessive.
La révision du réglage de la mécanique et la reprise de l’harmonisation participent à cet entretien et peuvent, en outre, clairement améliorer le potentiel expressif de votre piano, optimiser la sensation du toucher et lui faire retrouver des sonorités agréables et inspirantes.
Le réglage de la mécanique
Pour préserver les qualités de votre piano, il est nécessaire de procéder de temps à autre au re-positionnement des pièces de sa mécanique et au réglage de leurs interactions de manière à éviter l’usure prématurée de ses garnitures et à conserver une bonne sensation générale de jeu. La mécanique d’un piano à queue comprenant près de 70 pièces par note, cela représente une vingtaine de points de réglage pour chacune d’entre elles et encore plus de points de friction.
Une mécanique qui fonctionne bien doit être réactive et peu bruyante, produire et étouffer le son efficacement tout en permettant une maîtrise des nuances et de la projection sonore, ainsi qu’une répétition fluide et précise. Le toucher au clavier doit conforter la sensation de contrôle de la mécanique, être confortable et uniforme. Une mécanique plus souple et plus prévisible vous aidera à davantage vous focaliser, sans fatigue musculaire ni efforts compensatoires, sur la musique et sur votre jeu. Ce point est particulièrement crucial lorsque le piano est destiné à l’apprentissage.
La fréquence à laquelle le piano devrait être révisé dépend de son âge et de la qualité de sa fabrication, de ses conditions de stockage, ainsi que de sa fréquence d’utilisation et de l’exigence du pianiste. L’intervalle recommandé est compris entre six mois et dix ans.
En savoir plus
La fonction de la mécanique du piano pourrait être résumée par l’échappement. C’est la caractéristique primordiale du piano, qui permet au marteau d’être libéré de tout contact avant de frapper les cordes, et donc de ne pas se coincer contre elles. Cet échappement – ou plutôt la distance sur laquelle le marteau est poussé avant d’échapper au contrôle du pianiste – est déterminant à la fois pour produire une frappe puissante et pour rendre possible le jeu très doux, pianissimo.
La problématique de l’échappement est la suivante : trop près, le son devient distordu ou le marteau rebondit contre les cordes ; trop loin, le marteau devient difficile à contrôler, on perd en capacités de nuance et de répétition. Cette distance minimale est au fond propre à chaque instrument : elle est dépendante de la géométrie de sa mécanique, de la masse et de l’usure de ses pièces.
Partant de là, le réglage peut alors être défini comme la procédure visant à rendre cet échappement au plus près des cordes possible, sans efforts ni surprises, et sans sortir des cotes de jeu habituelles qui déterminent la chasse – la distance entre le marteau au repos et la corde – et l’enfoncement des touches. Pour ce faire, nous venons nettoyer, aligner, lubrifier et calibrer la friction des différents leviers, axes, garnitures et ressorts entrant en jeu dans le développement du marteau. Le rendement mécanique ainsi amélioré, plus grande est la qualité d’information que le doigt du pianiste pourra transmettre à la corde.
Fréquence recommandée des réglages
La périodicité d’une révision du fonctionnement mécanique dépend de plusieurs facteurs :
Âge de l’instrument
Pianos neufs ou restauré : durant les premières années, les éléments mécanique se rôdent et les garnitures se tassent plus rapidement. On recommande de procéder au réglage dans les 6–12 mois après la livraison du piano.
Pianos anciens : la stabilité s’améliore avec le temps, mais un réglage tous les 5 ans en moyenne reste conseillé.
Qualité de fabrication et marque
Les marques de prestige (Steinway, Yamaha, etc.) possèdent des mécaniques plus fines qui résistent mieux à l’usage, mais méritent tout de même un contrôle annuel pour conserver leur plein potentiel.
Les pianos d’entrée de gamme peuvent nécessiter un réglage plus fréquent pour conserver leurs qualités mécaniques.
Usage quotidien et exigences du pianiste
Pianistes professionnels, pianos de concerts ou d’enregistrements : un instrument avec une mécanique précise est indispensable pour maîtriser les nuances les plus subtiles. Une correction du réglage tous les 6 mois garantit une homogénéité constante.
Usage amateur, élèves pianistes : dès les premières années d’étude, une mécanique réactive et uniforme facilite l’acquisition des techniques pianistiques. Une mécanique bien réglée évite l’instauration de « mauvaises habitudes » dues à des irrégularités et permet une progression plus fluide. Par la suite, un réglage tous les 2-3 ans suffit généralement.
Usage occasionnel : un intervalle allant jusqu’à 10 ans peut convenir, à condition de vérifier l’état de la mécanique lors de chaque accordage.
Intervalle indicatif : Six mois à dix ans, en fonction de l’usage, de la qualité du piano et de l’exigence du musicien.
L'harmonisation ou le réglage du timbre
En intervenant sur le feutre du marteau et sur les cordes, il est possible de redéfinir le timbre du piano et de rééquilibrer ses registres. La densité et l’élasticité des marteaux sont « harmonisées » de façon à améliorer la sonorité générale de l’instrument, des graves aux aigus et dans toutes les nuances.
Cette opération, qui est également nécessaire sur des marteaux neufs, permet ainsi de re-dynamiser un jeu de marteaux fatigués par l’usage et les variations climatiques. Ses objectifs sont : adapter les marteaux à la puissance du piano et aux caractéristiques acoustiques de la pièce, accroître l’ambitus dynamique, augmenter la chaleur du son, ajuster son intensité ou encore accroître le sustain (soutien sonore).
Elle est le couronnement de toute la préparation et de l’optimisation de l’instrument : avant de pouvoir être à proprement parler harmonisé, le piano doit avoir été soigneusement préparé, réglé et accordé au diapason, les cordes nivelées et assises sur le chevalet, les marteaux reformés par ponçage et mis à porter également sur chaque chœur de cordes.